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Le clou du mystère : quand les petits objets parlent fort

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À première vue, un simple clou n’a rien de bien impressionnant. On le croise partout : dans les murs de nos maisons, les meubles anciens, les vieilles charpentes. Bien que leur fonction - fixer ou assembler des morceaux de bois – soit évidente, ils peuvent paraître anodins dans une vitrine de musée ou comme découverte archéologique puisqu’ils sont très répandus.

Et pourtant… ces petits objets de quincaillerie en révèlent beaucoup sur la date, la nature et l’étendue de la structure qu’ils composent.

Trois clous, trois époques

Sur les sites archéologiques du nord-est de l’Amérique, on distingue trois grands types de clous. Chacun a des caractéristiques propres, ainsi qu’une technique de fabrication et une période qui lui est associée.

  • Le clou forgé est le plus ancien. Fabriqué à la main dès les débuts de la colonisation par des forgerons, sa forme est très diversifiée. Il est fait à partir d’une tige de fer qui est battue pour lui donner la forme désirée. Chaque clou forgé est donc unique, ce qui permet de l’identifier facilement.
  • Le clou découpé fait son apparition vers 1790. À partir de 1830, il remplace presque totalement le clou forgé, jusqu’à la fin de sa production vers 1890.   Sa fabrication est très différente et plus uniforme puisqu’il s’agit d’une plaque de fer découpée avec une tête formée à la main. La production sera plus tard totalement machinée.
  • Le clou tréfilé, encore utilisé aujourd’hui, voit le jour en Europe dans les années 1860 et remplacera les clous découpés à la fin du 19e siècle. Il est fabriqué à partir d’un fil de fer que la machine étire, puis façonne pour aplatir la tête et former un corps circulaire strié.

Ces distinctions ne sont pas qu’esthétiques : elles aident les archéologues à dater les couches de sol où ces clous sont retrouvés, et donc à mieux comprendre le contexte de leurs découvertes.

Un cercueil dessiné… par des clous

Utilisé depuis des siècles dans la construction, le clou peut être retrouvé dans une foule de contextes : anciens bâtiments, épaves… et même dans des cimetières!

C’est justement le cas à Saint-Philippe, où plusieurs clous ont été découverts dans un ancien cimetière. En analysant leur disposition autour des ossements humains, les archéologues ont pu estimer la taille et la forme d’un cercueil.

Bien que le bois finisse par se décomposer avec le temps, les clous qui maintenaient les planches en place, eux, restent enfouis dans le sol. Il est ainsi possible de déterminer la taille approximative du défunt.

Ces clous ont été mis au jour récemment et ont été intégrés aux collections de la réserve du Musée. Ce sont les premiers artefacts originaires de cette municipalité que le musée accueille. En plus des clous, plusieurs autres artefacts ont été découverts, dont un contenant à lampion qui a déjà trouvé sa place dans notre exposition permanente!

Ouvrez l’œil!

La prochaine fois que vous passerez près d’un vieux bâtiment, ou même dans une quincaillerie, prenez un moment pour observer les clous. Leurs formes, leurs matériaux et leurs marques de fabrication révèlent bien plus que leur simple utilité.

En vérité, ils sont le clou du spectacle!

Mélody Gadoury  
Médiatrice ArchéoMusée Roussillon RS et bachelière en anthropologie

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